Tuer quelqu’un, c’est comme braquer une banque. D’abord, tu places poliment une arme sous le nez des employés. Après, tu sors calmement avec l’argent. Puis, tu salues aimablement au passage les gendarmes. Ensuite, tu rentres tranquillement chez toi, sans qu’aucune liasse ne t’explose au visage en maculant ton butin d’un produit indélébile. Puis, tu franchis élégamment la frontière. Enfin, tu profites sereinement de ton butin dans un pays sans accord d’extradition. Simple, non…
Assassiner plusieurs personnes reste un peu plus compliqué. Jenny comme Annabella souhaitaient faire passer leurs maris à la trappe, Moira son cousin et Kazuo se libérer de son giri. Quant à moi, cela ne vous regarde pas. Cela constituait un véritable casse-tête. Pas question de renoncer !
Pourtant, avec un seul cheveu, la police scientifique et la médecine médico-légale découvrent le film regardé à la télé trois jours avant et le détail d’un repas pris depuis plusieurs mois.
Entre la vidéosurveillance, le bornage téléphonique et l’analyse de notre disque dur, notre vie la plus intime ne possède plus aucun secret. Même sans cadavre ni mode opératoire, nous serons condamnés pour guet-apens et homicide volontaire avec préméditation, en bande organisée. Mobiles ou pas, nous risquons la prison à perpétuité. Pas très sympa !
Avec notre premier invité, il ne restait qu’à trouver le bon mode opératoire, sans pour autant mépriser les plaisirs de la table. Attiré par les femmes, l’alcool et l’argent, il suffisait de le séduire et de monter un boniment sur un prétendu trésor englouti pour l’entraîner dans les abysses de ses mirages. Pas très compliqué !
Attention, il fallait tout envisager surtout l’imprévisible. Un seul petit grain de sable enrayerait cette mécanique parfaitement huilée. Rassurez-vous, nous sommes méthodiques, précautionneux et prudents. Comment ? Je prétends cela pour me rassurer ? C’est fort possible.
Bref, nous nous apprêtions à commettre, un premier crime parfait. Les autres viendraient ultérieurement.
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Bruno BENATTAR est né en 1951, il poursuit des études de sciences économiques et de sociologie. Fortement influencé par les mouvements sociaux de mai 1968, il milite activement dans des mouvements pacifistes, non marxistes et non violents, tout en pratiquant les arts martiaux, et ce, encore aujourd’hui.
Refusant de s’intégrer dans la vie professionnelle, il visite le monde et exerce les métiers de moniteur de voile et de plongée bouteille.
Pendant près de trente ans, il travaille comme consultant en droit social, après avoir repris des études de droit. Il publie de nombreux articles et ouvrages spécialisés dans le domaine du droit du travail.
Aujourd’hui, retiré des affaires, il réside dans le Vaucluse.