« Tu es bipolaire »
C’est un psychiatre qui m’a dit ça. Il a ajouté ensuite que j’étais malade mental et qu’il allait falloir que je prenne un traitement médicamenteux lourd en effets secondaires toute ma vie. Je n’ai que 20 ans…
Depuis quatre jours maintenant, je suis enfermé dans une des chambres de l’hôpital psychiatrique de Limoges. Ma fenêtre est verrouillée et je n’ai pas le droit de sortir de l’unité. Je ne comprends pas bien ce qu’il m’arrive. J’ai fait une dépression il y a quelques mois qui m’a obligé à arrêter des études d’ingénieur, mais c’est derrière moi. Je vais maintenant très bien et je n’ai qu’une envie, c’est mordre la vie à pleines dents. J’ai plein de projets, plein d’énergie, et pourtant, mes parents se sont inquiétés.
Ce sont eux qui m’ont amené là. Ils trouvaient que j’étais trop speed et que je faisais n’importe quoi. D’accord, mon compte bancaire est à découvert depuis plusieurs semaines, mais ça va se résoudre très vite. Je fais de la contrebande de cigarettes avec l’Andorre, dès que j’aurai vendu mon stock, ça rentrera dans l’ordre. Je ne comprends vraiment pas pourquoi ils disent tous que je vais mal.
C’était il y a quinze ans, j’entendais le mot bipolaire pour la première fois de ma vie. Je découvrais alors cette maladie et les conséquences qu’elle entraînait sans en mesurer réellement l’ampleur.
Durant les sept années qui ont suivi, j’allais enchaîner près d’une dizaine d’hospitalisations et cumuler plus d’une année et demie passée dans une chambre d’hôpital.
Lorsque j’étais au plus mal, j’étais avide de témoignages dans lesquels je me serais reconnu. Rétabli depuis près d’une dizaine d’années, je vous livre maintenant le mien. J’espère que vous y trouverez des armes pour dompter votre trouble bipolaire ou celui de l’un de vos proches.
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Thomas Legras